Érigée pendant la seconde moitié du XIIe siècle, la mosquée Hassan semble avoir servi à des fins militaires beaucoup plus qu’à tout autre fonction. Le lieu a été témoin de plusieurs changements, depuis sa construction à aujourd’hui.
Vue de loin, elle est décrite comme une « tour » de 44 mètres de haut. Or, il s’agit de la partie encore debout du minaret de Hassan, qui a mesuré…77 mètres lors de sa construction en 1196. C’est l’époque où les Almohades (1147-1269) investissaient leur troisième capitale, après Marrakech et Séville (Al Andalus). D’ailleurs, ils laissèrent des minarets distinguant ces trois villes à travers des ressemblances frappantes. La Koutoubia, la Giralda et Hassan ont ainsi plusieurs points communs, du point de vue architectural.
Un repère central
En construisant Ribat Al Fath, les Almoravides firent de la mosquée Hassan un pivot urbanistique qui représenta le centre de leur ville. L’historien et archéologue Mohamed es-Semmar nous explique que les deux rives du Bouregreg ont longtemps constitué une seule et grande ville. Ce spécialiste de l’estuaire du Bouregreg démontre que la cité almoravide rassembla les agglomérations étendues sur les deux côtés de la rivière. Celle située sur la rive droite de l’embouchure fut appelée « ville de Salé », alors que celle de gauche fut nommée « ville de Mehdia ». Le tout constitua « Ribat Al Fath ». C’est sur le point central entre ces deux agglomérations que le sultan Abou Yaâcoub Youssef (1184-1199) décida de construire une mosquée, au moment où la rive gauche était déjà connue pour ses installations militaires. Le chantier fut achevé par le sultan Yaâcoub Al Mansour (1199-1213) qui succéda à son père. « La mosquée fut construite alors en deux phases, par des ouvriers constitués de détenus de la bataille d’Alarcos (1195) », nous précise Mohamed es-Semmar. Ces derniers eurent recours à divers matériaux pour construire la mosquée : le moellon et le pisé coffré en bois servirent à bâtir les murs.
Par Ghita Zine
La suite de l’article dans Zamane N° 56