Les premiers journalistes «baillonnés» dans l’histoire du Maroc indépendant s’appellent Fqih Basri et Abderrahmane Youssoufi. Retour sur une affaire éminemment politique, qui signa l’entrée du royaume dans une longue phase de confrontation entre le palais et la gauche.
Le 14 décembre 1959 marque une date importante dans l’histoire politique du Maroc indépendant. C’est la première fois que des dirigeants importants de la gauche et de la lutte contre la colonisation sont arrêtés. Il s’agit du Fqih Basri et Abderrahmane Youssoufi. Ce qui était perçu comme curieux, voire énigmatique à l’époque, c’est que les amis politiques de ces détenus étaient au gouvernement. Ils y occupaient même des postes importants dont la présidence du conseil, la vice-présidence, les Affaires économiques et financières, ainsi que les Affaires étrangères et d’autres postes.
L’origine de l’arrestation des deux «critiques» du pouvoir en place est un article de presse. De fait, le quotidien Attahrir (ancêtre d’Al Ittihad Al Ichtiraqi), organe de presse de l’UNFP, assène, dans un éditorial qu’il «n’est pas normal que l’instance responsable, en premier et immédiatement, des affaires du pays et qui n’est autre que le gouvernement, ne dispose pas de l’autorité suffisante pour gérer et contrôler l’appareil administratif exécutif qui relève légalement de sa compétence».
L’éditorialiste, qui cite une résolution du Conseil national (CN) du parti, tenu une semaine auparavant, affirme qu’un «exemple de cette contradiction, aussi malsaine qu’ostensible, au sein du régime actuel, est le comportement des forces de sécurité dont les responsables ne respectent points les règlements en vigueur. Ceux-ci ne se réfèrent jamais aux responsables gouvernementaux qui sont censés disposer des compétences nécessaires dans tel ou tel domaine».
Par Maati Monjib
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