Comment, de la passion pour le cinéma peut naître et se développer la passion pour les lectures plurielles et, plus tard, pour l’anthropologie, pourtant si mal vue dans les sociétés à peine décolonisées.
Parallèlement à ma formation universitaire, mes lectures militantes et mon activité au ciné-club al-Azaim (1974-1982) étaient deux aspects indissociables d’une même expérience. J’ai adhéré au ciné-club en 1974, ma première année à la faculté. La projection de films, qui avait lieu dimanche matin, était suivie d’un débat dirigé par un animateur. J’assistais aux débats, mais je n’ai pas souvenir d’y avoir participé la première année. Mes traces écrites remontent à 1976, une feuille volante de quatre pages. C’était à l’occasion de la «Rencontre du cinéma Arabe», tenue à Meknès du 27 mars au 4 avril 1976. C’était un événement fort marquant dans ma vie de cinéphile.
Dénoncer et démystifier
Michel Cluny (1930-2015) livra dans sa conférence une série d’informations historiques sur le cinéma arabe. Mais ce genre d’exposé informatif et événementiel ne nous plaisait point à l’époque. Je n’ai pas manqué de le manifester lors du débat. Je reproduis ici mes notes sur lesquels j’appuyai ma remarque critique : «La démarche que vous avez adoptée est une démarche descriptive qui conçoit l’évolution du cinéma comme une succession de genres de films et de cinéastes. Cette démarche envisage le cinéma en soi et non pas en relation avec le contexte économique et social. Et le problème du cinéma ne peut être séparé des problèmes de la société».
Par Hassan Rachik
Lire la suite de l’article dans Zamane N°112 (Mars 2020)