Lancée pour des raisons scientifiques, «brisée» pour motifs politiques, la sociologie marocaine porta tant d’espoirs, autour d’une génération de chercheurs et d’enseignants de grande quaité.
Dans le Maroc indépendant, la sociologie est apparue avec la création en 1958 de l’Équipe interdisciplinaire de recherches en sciences humaines (eiresh) : une coopérative ouvrière de production qui satisfaisait exclusivement les besoins de l’État en études sociologiques et économiques. Cette équipe, dirigée par Paul Pascon (1932-1985), l’une des principales figures de la sociologie marocaine, représentait la première tentative de recherche interdisciplinaire dans le pays. L’année suivante, le 21 juillet 1959, voit la création d’une institution académique : l’Institut de sociologie de Rabat dépendant de l’université Mohammed V. Cet Institut, qui reçoit ses premiers étudiants en octobre 1960, est né grâce à l’appui de l’Unesco et sur les recommandations de ses deux experts, Jacques Berque (1910-1995), professeur au Collège de France, et Maurice Erard (1901-2001), professeur à l’université de Neuchâtel en Suisse.
Dans son rapport final du 6 octobre 1961, adressé à l’Unesco, Maurice Erard souligne que dès son ouverture, l’Institut «rencontra immédiatement auprès des étudiants un accueil très favorable». Fatima Mernissi fut l’une des premiers lauréats de cet établissement avant d’aller poursuivre son cursus à l’étranger. À cette époque au Maroc, le gouvernement d’Abdellah Ibrahim, engagé à gauche, avait été dissous à peine quelques mois auparavant.
Par Mustapha Jmahri
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