En 1978, Hassan II a menacé l’Espagne de récupérer Sebta et Melilia. Si le roi Juan Carlos y consentait, Adolfo Suarez, son chef de gouvernement, lui, a carrément menacé de bombarder le Maroc. Révélations.
Si, selon un document de la CIA révélé en mai dernier, le roi Juan Carlos était prêt à céder Melilia au Maroc, ce n’était pas le cas de son chef de gouvernement, Adolfo Suarez. Récemment, à l’occasion d’une conférence organisée à Sebta, José Maria Campos, l’attaché de presse de l’Union du centre démocratique (dirigé par Suarez de 1977 à 1982, et quasiment dissous depuis), a rappelé les échanges peu diplomatiques et méconnus entre Suarez et Hassan II. Selon lui, en 1978, trois ans après la Marche Verte, le souverain marocain s’est rendu en Espagne et a menacé d’attaquer Sebta et Melilia. Alors que le souverain espagnol n’a pipé mot, Adolfo Suarez s’est empressé de répliquer en évoquant l’éventualité de bombarder Casablanca et Rabat. Après cette entrevue survoltée, Suarez a très vite réuni les cadres de son parti afin de mettre en place une stratégie. Il espérait le soutien des Etats-Unis et de la France, mais redoutait le soutien des pays arabes au Maroc, et donc l’arrêt des livraisons de pétrole. Suarez, conscient que la solution militaire n’était pas la meilleure option pour conserver les deux enclaves, a finalement opté pour une stratégie «plus diplomatique » : une double adhésion de son pays à l’OTAN et à la CEE (ancêtre de l’Union Européenne).