L’irruption de ce natif de Fès dans l’Europe chrétienne du début du XVIème siècle va permettre au Maroc et aux Pays-Bas de signer un ambitieux traité de paix et de commerce pour contrer l’hégémonie espagnole.
Sans l’apport de chroniqueurs et d’historiens étrangers, des pans entiers de l’histoire du Maroc resteraient ignorés. Même incomplètes et contradictoires, ces parties de l’histoire, du moins celles qui nous sont parvenues, nous permettent aujourd’hui de découvrir quelques personnages qui seraient restés enfouis dans le passé s’ils n’avaient pas été repêchés par des historiens curieux. Un exemple, celui de Samuel Pallache, un juif originaire de Fès qui a signé en 1610, au nom du sultan saâdien Moulay Zidane, le premier traité de paix et de commerce entre le Maroc et un pays chrétien, en l’occurrence les Pays-Bas. Un siècle donc avant que le sultan Moulay Ismaïl ne noue de solides relations diplomatiques avec les trois grandes puissances européennes de l’époque (Espagne, France, Angleterre), le Maroc avait déjà mis le pied dans l’étrier du concert diplomatique international en installant un agent diplomatique à Amsterdam. C’est un rare ouvrage qui nous en parle. D’abord publié en espagnol sous la plume de deux chercheurs, l’Espagnole Mercedes García-Arenal et le Néerlandais Gerard Wiegers, « Entre l’Islam et l’Occident : La vie de Samuel pallache, Juif de Fès » a été édité à Madrid en 1999, puis traduit à l’anglais en 2003. Certes, ce n’était pas la première fois que le nom de Pallache apparaissait dans un ouvrage historique, il y est souvent cité dans la volumineuse documentation de la série des « Sources inédites de l’histoire du Maroc » de l’explorateur et cartographe français Henry de Castries, édité eau début du XXème siècle ; mais le livre de García-Arenal et Wiegers en a fait un personnage principal. Et quel personnage !
Lire la suite de l’article dans Zamane N°99 (février 2019)