Quelques mois avant la Marche Verte, le Maroc ouvrait un autre front pour défendre son territoire au nord. Le Royaume soumettait alors un mémorandum aux Nations-Unies, demandant la restitution de Sebta, Melilia, les îles Zaffarines et le rocher de Badis. La lettre a fêté ses 50 ans, en janvier 2025.
Dès les premières heures de l’indépendance du Maroc au printemps 1956, l’Istiqlal lance une campagne pour recouvrer les frontières historiques du Royaume. Il est soutenu par le Comité du Maghreb arabe qui, dans un communiqué publié la même année, appelle à la récupération rapide de tous les territoires marocains occupés par l’Espagne. Pendant ce temps, et sur le terrain, l’Armée de libération nationale (ALN), réticente à rejoindre les Forces armées royales (FAR), commence à agir en 1957 dans la province de Tarfaya, avec le double objectif d’occuper le territoire d’Ifni à l’Ouest et de pénétrer vers le Sud, dans le Sahara et la Mauritanie. Des affrontements éclatent avec l’armée espagnole et l’ALN est contrainte de rebrousser chemin, vers le nord. La tentative de l’ALN aura, d’une certaine manière, avancé le transfert de l’administration de l’ancienne Zone Sud du Protectorat, suite à l’Accord de Cintra du 1er avril 1958, paraphé par les gouvernements d’Espagne et du Maroc. Cet accord a été suivi d’une note verbale espagnole à tous les membres de l’Organisation des Nations-Unies, dans laquelle Madrid affirme qu’avec le transfert de l’administration, l’Espagne avait rempli tous les engagements pris dans la déclaration de 1956. À l’époque, les revendications du Maroc portaient essentiellement sur Ifni, le territoire du Sahara dit occidental et la Mauritanie. Mais une inflexion se produit en 1960. Le gouvernement espagnol, dans une démarche inédite, indique officiellement sa disposition à communiquer des informations concernant ses territoires africains (Guinée-Equatoriale et Sahara, en plus de Sidi Ifni). En réaction, le représentant du Maroc à l’ONU fait pour la première fois allusion à Sebta et Melilia. «Ces villes et territoires font partie intégrante du Maroc et les statuts qui les régissent actuellement sont contraires au droit international et incompatibles avec la souveraineté et l’intégrité du Maroc», peut-on y lire.
Par Omar Kabbadj
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