Lorsque les Forces Alliées débarquent en Afrique du Nord en novembre 1942, elles font face à l’armée française restée fidèle au régime de Vichy. Une réalité gênante pour le général de Gaulle, chef du Comité de Libération et leader de la France libre. L’attitude du Général vis-à-vis des Américains débarqués à Casablanca traduit bien le malaise de se sentir presque dépossédé du Maroc. Le Général le dit lui-même. Lors de la Conférence interallié d’Anfa (janvier 1943), il se sent « entouré des barbelés et des postes américains ». Il craint l’influence des Etats-Unis, d’autant que le Président Roosevelt, d’après les écrits de son petit fils, promet au sultan Ben Youssef « que la situation surtout en matière coloniale changerait radicalement après la guerre ». Un discours séduisant mais qui met en péril la sacrosainte souveraineté de la France, si chère à Charles de Gaulle. C’est certainement pour cette raison que le Général trouve le temps de revenir au Maroc où il rencontre plus sereinement le sultan en août 1943. Il ne se prive d’ailleurs pas, sur le ton du sarcasme, de dire à son interlocuteur ce qu’il pense de l’approche américaine : « Quand, à Anfa, le président Roosevelt fit miroiter à Votre Majesté les merveilles de l’immédiate indépendance, que vous proposait-il en dehors de ses dollars et d’une place dans sa clientèle ? ». Le héros français n’aura pas le loisir de traiter la « question marocaine » puisqu’il démissionne de son poste de Président du gouvernement provisoire un an après la libération, en 1946.
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