Le premier novembre 1755, un terrible séisme estimé à 9 sur l’échelle de Richter, éventre le fond marin au large de Lisbonne. La capitale lusitanienne est quasi rayée de la carte. Le Maroc fait face à de monstrueux Tsunamis mais c’est, curieusement, l’intérieur des terres où les ravages sont les plus critiques. En effet, les villes du littoral marocain ne sont pas les seules victimes du novembre noir de l’année 1755. Les cités de l’intérieur comme Fès, Marrakech et Meknès sont également secouées et partiellement détruites. D’ailleurs, la catastrophe est appelée par l’historien du XIXème siècle Al Nassiri, dans son livre Kitab Al Istiqsa, « le tremblement de terre de Méknassa Azaytouna ». Par cette appellation, il indique clairement que le gros de la catastrophe, avec l’essentiel des victimes, se trouve à Meknès et non dans une ville côtière touchée par le Tsunami. Malgré la puissance du séisme lisboète, difficile d’imaginer d’importants dégâts dans les cités marocaines de l’intérieur. Pourtant, l’historien marocain Al Qadiri, contemporain des faits, décrit des dommages dramatiques dans son livre « Nachr Al Mathani » : «A Fès, comme à Meknès, presque tous les édifices furent détruits, en particulier la grande mosquée et 3.000 personnes périrent sous les ruines. Des gens à Fès démolirent leurs maisons de crainte de les voir s’effondrer sur eux». Certes, la secousse de Lisbonne a été ressentie jusqu’à Marrakech. Mais quelle est la cause de la destruction de pans entiers des cités médiévales du Maroc ? Pour Paul Louis Blanc, ingénieur à l’Institut de Protection et de Sûreté Nucléaire et auteur d’une étude sur l’impact du séisme au Maroc, l’empire chérifien n’a pas connu un, mais deux séismes. En se basant sur d’autres sources, notamment des chroniques venues du nord du Maroc, le chercheur arrive à l’étonnante conclusion qu’à la fin du mois de novembre, un nouveau séisme vient achever les ravages de celui du premier du mois. Cette nouvelle catastrophe serait donc à l’origine des malheurs des villes intérieures. Ce nouveau tremblement de terre, appelé « séisme du Rif », ne serait pas une simple réplique de celui de Lisbonne, mais bien une nouvelle catastrophe dont l’épicentre se trouverait non loin de l’actuelle ville d’Al Hoceima. Une région dont l’activité sismique est bien connue aujourd’hui. Cette explication conforte la confusion dans les documents d’époque et rappelle que le Maroc n’est définitivement pas à l’abri.
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