Le paysage urbain dans le nord du royaume a été profondément marqué par l’influence de l’architecture. Surtout à Tétouan, avec une confluence des courants et des styles venus de la péninsule ibérique.
La ville hispano-marocaine est née, s’est formée et développée avec une homogénéité et une cohérence formelle remarquables. L’adoption généralisée du plan en damier, en tant que support de la ville nouvelle, garantit au moins la rationalité de la structure spatiale de base (géométrique), contrastant avec l’allure labyrinthique des médinas. La ville nouvelle, ou «ensanche», conditionne ainsi dans une grande mesure le paysage urbain nord-marocain. À l’origine rigide et répétitif, l’ensanche devient en fait le support d’une architecture importée et d’un syncrétisme stylistique. Appartenant à la fois à la tradition et à la modernité, et loin de s’imposer comme loi exogène, l’architecture coloniale rassemble plutôt des éléments matériels et symboliques de l’urbanisme hispano-musulman de l’Andalousie, et se veut un retour aux sources.
Un examen superficiel des principales réalisations de la zone septentrionale marocaine pourrait faire douter de I ’existence d’une architecture espagnole, tant elles accusent des diversités entre elles, et des parentés avec certains monuments autochtones. Cependant, si l’on considère l’architecture coloniale dans son ensemble et non plus à travers quelques réalisations, on s’aperçoit qu’elle représente l’image la plus exacte que les diverses architectures espagnoles et européennes se sont données d’elles-mêmes au cours de leur réalisation sur le sol nord-marocain.
Par Mustapha Akalay
Lire la suite de l’article dans Zamane N°150