Question : quel est le premier nom qui vous vient à l’esprit quand on évoque la longue parenthèse (44 ans) du Protectorat ? El Glaoui, bien sûr. Sur près d’un demi-siècle, «le» Glaoui aura «régné» à sa manière, exerçant son autorité et son influence bien au-delà de Marrakech et des montagnes de l’Atlas.
On le disait plus riche que les sultans, ami des puissants de ce monde et même des stars de cinéma, capable de traiter d’égal à égal ou presque avec le Résident Général, honoré et célébré en France, craint et écouté au Maroc, etc. le plus célèbre représentant des Glaoua a connu une trajectoire phénoménale et quasi-shakespearienne, qui l’a emmené littéralement sur le toit du monde, avant de précipiter sa chute sans merci…
Mais que sait-on exactement de l’homme, et des ressorts intimes de sa personnalité ? Comment expliquer son ascension hors-du-commun ? Et sa chute vertigineuse ?
Zamane vous raconte les mille et une vies de ce personnage qui aura tant marqué de la première moitié du XXème siècle. Plus que le portrait d’un homme, c’est aussi celui d’une société, d’un pays et d’une époque, si loin et si proches à la fois, dont on porte encore les stigmates dans le Maroc d’aujourd’hui.
La vie d’El Glaoui, de son nom complet Haj Thami El Mezouari El Glaoui, est un roman. Elle a d’ailleurs été souvent romancée, comme disait Abdallah Laroui, au point qu’il est parfois difficile de séparer la bonne graine de l’ivraie et de faire le tri dans l’extraordinaire amoncellement d’informations, avérées ou non, concernant le personnage. Car c’est un personnage. Dans les années 1930-40, il était le Marocain le plus riche, le plus puissant. Plus, bien plus, que le sultan lui-même. Il a joué un rôle capital dans la campagne dite de pacification, offrant de larges territoires du sud et des montagnes rebelles à la France (qui le lui rendra très bien). Quand Ben Youssef est poussé à l’abdication, ensuite à l’exil, c’est le Glaoui, comme on l’appelait, qui gouvernait en sous-main avec ou derrière cette même France.
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