Adepte de la diplomatie du consensus, Mohammed V œuvre pour que le Maroc indépendant s’intègre pacifiquement dans la communauté internationale. Le souverain insiste sur l’union des pays arabes et l’édification d’un Maghreb uni qui passe forcément par le soutien à la cause algérienne. Quant à la France, qu’il souhaite garder comme amie, il n’hésite pas à lui manifester ses rares colères diplomatiques…
Le «Père de l’Indépendance» ne pouvait être qu’anti-impérialiste. En encourageant le mouvement des non-alignés, en défendant les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, en soutenant la cause algérienne, le roi Mohammed V le prouve suffisamment. Toutefois, le sultan devenu monarque en 1957 ne revête pas pour autant le costume de héros en croisade contre les grandes puissances. Le roi explique que l’histoire et la géographie de son pays en fait un trait d’union naturel entre les civilisations et les cultures. Il tient à garder des relations apaisées avec les anciens colonisateurs français et espagnols, et entend entretenir un lien privilégié avec les deux superpuissances rivales, les Etats-Unis et l’Union soviétique.
Une position d’équilibriste qui doit également tenir compte des idéologies adoptées au sein des premiers gouvernements marocains, composés de formations politiques qui ne partagent pas forcément les mêmes orientations diplomatiques. Le roi du consensus n’est pas non plus un acteur passif des enjeux à l’international, surtout lorsqu’il s’agit des affaires en lien avec son royaume.
Ainsi, il s’insurge contre les conséquences des essais nucléaires français dans le sud algérien en 1960, s’indigne du détournement par cette même armée française d’un avion marocain avec à son bord les cadres du FLN en 1956, et s’oppose avec virulence à la création de la Mauritanie indépendante quelques semaines à peine avant de rendre l’âme.
Par Sami Lakmahri
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