Un portrait écrit à la première personne pour vous rapprocher de monsieur cinéma au Maroc, dont la disparition aura laissé un vide sidéral.
C’était hier et le souvenir est encore vif, comme une blessure qui n’est pas refermée. Trop tôt pour l’oublier et passer à autre chose. En novembre 2020, Zamane soufflait sa 10ème bougie, avec un numéro spécial où des amis, des proches, des grands noms surtout, témoignaient de l’évolution de la revue, de son positionnement et de son apport à mi-chemin entre le journalistique et le scientifique…
Nouredine Saïl était, évidemment, tout en haut de la liste des «témoins». Cela faisait un moment que l’on s’était perdus de vue. Quand je l’ai appelé, alors qu’il n’avait pas répondu à mes emails insistants, il me répondit, avec son humour taquin : «Oh tes emails ont dû atterrir dans la boîte des spams. Ne me demande pas pourquoi». J’ai ri jaune. Quelques jours plus tard, il m’a envoyé un texte en l’annotant de la manière suivante : «J’ai « acrostiché » (écrit un texte dont les premières lettres de chaque paragraphe correspondent à la reconstitution du mot Zamane, ndlr) ce petit texte à partir de six citations glanées dans les Métamorphoses d’Ovide, et avec la complicité discrète de J.L.Borges… Joyeux anniversaire Zamane !».
Cet acrostiche était évidemment un clin d’œil au roman publié par Saïl («L’Ombre du chroniqueur», 1989) où l’auteur s’essayait à un exercice de style rendu célèbre par Georges Pérec avec «La Disparition», paru en 1969 : écrire tout un livre sans la lettre «e». Noureddine Saïl aimait les exercices de style, les clins d’œil, les références et devinettes, les jeux de mot. Il fallait s’accrocher pour le suivre.
Par Karim Boukhari
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