1906, le Maroc du sultan Moulay Abdelaziz joue son avenir. Pris en tenaille par les puissances coloniales, le pays se résigne à participer symboliquement à la plus importante conférence de son histoire. Comme figure de proue, le sultan compte sur l’inusable Mohamed
El Mokri, son secrétaire particulier. À peine arrivée sur le sol espagnol, la délégation marocaine s’interroge sur la soudaine disparition de son dirigeant. Les spéculations vont bon train et les rumeurs sur une division entre Marocains circulent comme une traînée de poudre. La France, excédée par cet imprévu, missionne l’un de ses agents pour retrouver la trace d’El Mokri. Au bout de quelques jours, l’officier repère le «fugitif». Il se trouvait de l’autre côté de la Méditerranée, à Tanger. Tétanisé par l’enjeu de la conférence, El Mokri a préféré se prélasser dans les bras de son amante qui, précisons-le, est de couleur noire. Un détail qui prend toute son importance suite à l’incroyable quiproquo dans l’interprétation du télégramme de l’espion français. Ce dernier note: «Notre ami se cache à Tanger, il caresse des seins noirs». Mais le postier en charge de retranscrire le télégramme écrit : «Notre ami se cache à Tanger, il caresse des desseins noirs». Voilà comment El Mokri passe d’un notable aux mœurs discutables à un dangereux conspirateur contre la France.
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