Coincé entre les Mérinides et es Saâdiens, le règne des Wattassides a été aussi court que mouvementé. Contrôlant un territoire morcelé et de plus en plus exigu, tiraillés entre les invasions ibériques, les rebellions des derniers Mérinides, les revendications des descendants Idrissides et la progression constante des futurs Saâdiens, les Wattassides avaient constamment le couteau à la gorge. Certains leur contestent jusqu’à leur titre de «Dynastie». Alors que d’autres oublient de les citer parmi les familles qui ont gouverné le Maroc ! Parce qu’ils ont bel et bien gouverné le Maroc. Pas entièrement, certes, mais en partie. Et leur règne ne doit pas être oublié. C’est sous les Wattassides que Hassan al-Wazzan, alias Léon l’Africain, l’un des esprits les plus brillants de son temps, a vu le jour. Al-Wancharissi aussi, un théologien dont la production fut à la fois abondante et largement consultée. Sans parler de Sidi Abderrahmane al-Majdoubi, dont la poésie continue d’être célébrée jusqu’à aujourd’hui. Et c’est sous les Wattassides que l’art du Zajal et du Melhoun ont réellement pris leur envol, signe d’une ouverture certaine vers la société. Et que Grenade, dernier bastion musulman en Ibérie, a chuté, marquant le basculement définitif du rapport des forces entre Orient et Occident. Zamane vous invite à ce nouveau voyage dans le Maroc du passé, avec une «dynastie» pas comme les autres, à la fois maudite et incomprise. Avec des épisodes inédits ou peu connus.
Les rémanences d’une culture rationnelle, continuum de l’Andalousie et expression du génie amazigh, commençaient à s’effilocher. La fin de règne des Mérinides, sous laquelle Ibn Khaldoun avait officié, donnait pâle figure, avec des révolutions de palais, des intrigues et des sultans en bas âge manipulés par leurs vizirs et qu’on jetait dans un puits, au sens propre du terme. La dynastie wattasside, à supposer qu’elle le fût, fut le prélude à un basculement anthropologique, par un changement des référents culturels dus, en grande partie, à la pression de la «chrétienté», et par les changements démographiques qui donneront lieu à un «Grand Remplacement» comme il y en a eu dans l’histoire. Dans les annales de l’histoire du Maroc, les Wattassides ne sont guère considérés comme une dynastie. Intercalés entre les Empires berbères et les dynasties arabes, ils sont un point mort dans la saga de l’histoire du Maroc. étant même des serviteurs des Mérinides, ils se sont emparés du pouvoir dans une phase de fortes turbulences. N’ayant comme assise territoriale que la partie septentrionale du Maroc, qu’ils devaient de surcroît partager avec les Portugais, qui exerçaient une forme de condominium sur les régions de Doukkala, Abda et Haha, en plus de comptoirs dont ils disposaient sur le littoral atlantique.
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