Selon une anecdote attribuée à Ibn Khaldoun, Tamerlan aurait souhaité pousser ses conquêtes jusqu’au Maghreb. Le grand savant l’aurait dissuadé, spécifiant que c’était trop tard. Le Maghreb tel qu’Ibn Khaldoun l’avait connu, et l’avait analysé dans ses «Prolégomènes», touchait à sa fin. Sa matrice (la tribu) et son essence (la ’asabiya) s’essoufflaient.
Les rémanences d’une culture rationnelle, continuum de l’Andalousie et expression du génie amazigh, commençaient à s’effilocher. La fin de règne des Mérinides, sous laquelle Ibn Khaldoun avait officié, donnait pâle figure, avec des révolutions de palais, des intrigues et des sultans en bas âge manipulés par leurs vizirs et qu’on jetait dans un puits, au sens propre du terme. La dynastie wattasside, à supposer qu’elle le fût, fut le prélude à un basculement anthropologique, par un changement des référents culturels dus, en grande partie, à la pression de la «chrétienté», et par les changements démographiques qui donneront lieu à un «Grand Remplacement» comme il y en a eu dans l’histoire. Dans les annales de l’histoire du Maroc, les Wattassides ne sont guère considérés comme une dynastie. Intercalés entre les Empires berbères et les dynasties arabes, ils sont un point mort dans la saga de l’histoire du Maroc. étant même des serviteurs des Mérinides, ils se sont emparés du pouvoir dans une phase de fortes turbulences. N’ayant comme assise territoriale que la partie septentrionale du Maroc, qu’ils devaient de surcroît partager avec les Portugais, qui exerçaient une forme de condominium sur les régions de Doukkala, Abda et Haha, en plus de comptoirs dont ils disposaient sur le littoral atlantique.
Par Hassan Aourid
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