Grands rassemblements annuels, les moussems révèlent un visage peu ou mal connu du Maroc profond. Du Rif à l’Oriental en passant par les montagnes de l’Atlas, ils racontent une histoire séculaire faite de traditions et de superstitions.
Processions, chants populaires, danses et fantasias, mais aussi recueillement, méditation et prières dans les sanctuaires des saints, les moussems du Maroc sont un creuset où se mêlent islam et superstitions, festivités et commerce. C’est un espace-temps qui unit les Marocains des zones rurales autour de rites, croyances et traditions. Certains moussems ont disparu, d’autres se perpétuent et gagnent en force. Exode rural, extension des villes et urbanisation croissante ont conduit certains moussems à s’éteindre. Mais revenons au commencement. C’est autour d’un saint et de sa dernière retraite, le siyyed (sanctuaire), que naissent les moussems. Une origine souvent oubliée quand le folklore prend le dessus. C’est le cas du moussem des fiançailles à Imilchil, qui se déroule chaque année en septembre, dans une vallée située à plus de 2000 m d’altitude. Il rassemble les populations de la région d’Errachidia ainsi que la tribu des Aït Hadiddou (des pasteurs nomades sédentarisés depuis le XVIIe siècle) et celles des Aït Brahim et Aït Izza. Chaque année, 30 000 personnes s’y rassemblent pendant trois jours. D’un point de vue historique et anthropologique, ce moussem est fascinant à plus d’un titre. Il est une survivance de traditions païennes millénaires qui célèbrent l’amour, la fertilité et la fin de l’été.
Par Yasmina El Kadiri
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