Au cimetière chrétien d’El Jadida, une tombe avec une plaque en marbre portant cette inscription : «Ici repose Jean Cérésole, ingénieur agronome, né à Vevey en Suisse en 1874, décédé à Marrakech en 1946. Fondateur du Domaine de Béni-Hellal. À introduit au Maroc la culture de tara». Qui est cet homme, quel est ce domaine et quelle est l’histoire de ce mystérieux arbuste du nom de tara au Maroc ? Zamane a mené l’enquête.
En 1926, des actionnaires français au Maroc ayant investi dans différents territoires administrés par la France, à la recherche de nouveaux marchés, prirent possession de terrains à Béni-Hellal et créèrent une société anonyme française portant le nom de Société agricole des Doukkala (SAD). Cette ferme qu’on appelait couramment le «Domaine de Béni-Hellal» se situait entre Sidi Smaïl et Sidi Bennour. Or, précisément la culture que prévoyaient ces actionnaires de la SAD n’était pas connue sur le terroir, ni au Maroc ni même en Afrique. C’était la fameuse tara, une gousse provenant du Pérou, servant au tannage des peaux blanches. Les actionnaires ne connaissaient rien à la culture de tara, mais ils furent séduits par le rêve d’un agronome suisse, Jean Cérésole, qui avait rapporté d’un voyage au Pérou des graines de ce type d’acacia appelé là-bas «Tara». Ce petit arbre produit des gousses d’une forte teneur en tanin, utilisé en particulier pour le tannage de peaux fines notamment par les producteurs de maroquineries à Fès. Les actionnaires avaient pensé conquérir donc un marché potentiel. Jean Ernest Emmanuel Cérésole, de son nom complet, était fils de pasteur. C’était à la fois un aventurier et un théoricien. Né à Vevey le 21 janvier 1874, il avait suivi les cours de l’Institut agronomique de Montpellier, dont il était sorti diplômé.
Par Mustapha Jmahri
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