Située à Meknès, l’Académie royale militaire (ARM) prépare les futurs officiers des FAR, aussi bien l’armée de terre, que les fusiliers de la marine royale et de l’armée de l’air. Elle voit le jour le 30 mai 1956, peu de temps après l’indépendance. Pourtant sa création est intimement liée au Premier Résident général du Protectorat, Hubert Lyautey. Rétrospection sur une aventure militaire franco-marocaine unique en Afrique du Nord.
«L‘école militaire de Dar-El-Beïda, près de Meknes, est transférée aujourd’hui mercredi à l’armée marocaine Le prince Moulay Hassan, chef d’état-major des forces armées royales (F.A.R.), et le général Kettani assistent à cette cérémonie», titre le quotidien français «Le Monde» du 31 mai 1956. Certes la destinée de l’école militaire de Meknès a débuté en 1918 mais avant d’y revenir, une digression sur l’histoire militaire croisée du Maroc et de la France s’impose. Faut-il rappeler que les opérations militaires en France ne débutent pas pile poil après la signature du Protectorat le 30 mars 1912 à minuit mais assurément bien avant. Restons sur le court terme car l’histoire peut remonter jusqu’en 1840 avec la défaite d’Isly et le droit de suite concédé à l’Armée d’Afrique opérant depuis l’Algérie française. Soit. La mise en coupe réglé du dit «Maroc utile» c’est-à-dire celui des étendues atlantiques s’emmanche bel et bien dès 1907 à Casablanca et dans la Chaouïa. Cette première phase dite de «pénétration pacifique» va être demandeuse en hommes. Aussi le général d’Amade va-t-il commencer à recruter des guerriers des différentes tribus soumis de la Chaouïa «(…) à la barbe de l’Etat marocain dès 1908 par d’Amade- (…) pour ne pas être déraciné, vivent à proximité de leur pays d’origine et sont cantonnés dans des bordjs avec femmes et enfants. Ils sont recrutés pour deux ans renouvelables et non quatre ans comme les tirailleurs qui, eux, peuvent reconduire leur engagement pendant quinze ans», comme le formule l’historien Daniel Rivet dans Le Maroc de Lyautey à Mohammed V, le double visage du Protectorat (2004). Désormais le destin militaire du Maroc et de la France s’entremêle.
Par Farid Bahri
Lire la suite de l’article dans Zamane N°170