Ce texte, que l’on publiera en plusieurs parties, se propose d’esquisser une géographie régionale des peuplements en situant le regard au début du XIème siècle. Ce moment a été choisi parce qu’il se situait à un point d’arrivée de la période du VIIIème au XIème siècle. Arrêt sur image, donc, au début du XIème siècle, même si nous n’avons pu éviter d’effectuer des retours en arrière pour mieux comprendre les «pourquoi» du moment.
Un regard au début du XIème siècle est pertinent pour d’autres raisons. Ce temps précède de peu de décennies des enchaînements historiques qui ont profondément modifié les fondements de la géographie politique des siècles précédents. Celle-ci s’était inscrite dans des contextes certes mouvants, mais enracinés dans de mêmes dynamiques de population et de société. La seconde partie du XIème siècle voit en effet arriver au Maghreb les massives migrations hilaliennes et, à l’autre extrémité, l’effacement des structures politiques anciennes devant la conquête almoravide. La période est par ailleurs marquée par le regard exceptionnel d’un géographe, Al Bakri, dont le tableau se situe à la charnière de ces transformations de fond. Cet auteur andalou ne semble pas avoir visité les pays du Maghreb qu’il décrit et il n’est pas facile de dater ses informations. Sa source principale semble avoir été celle Yusûf al Warraq et, également celle d’Ibrahim ibn Ya’qub, dont Al Bakri aurait compilé les ouvrages.
Ces auteurs décrivent le Maghreb de la fin du Xème siècle, ce qui explique certains décalages chronologiques dans des faits rapportés au XIème siècle par Al Bakri. Mais comme les autres géographes arabes, Al Bakri a en même temps utilisé des informations contemporaines que lui apportaient d’autres relations de voyage ou bien des marchands et des navigateurs.
Par Grigori Lazarev
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