Avant de devenir une dynastie, les Almoravides furent un mouvement. Dont la figure centrale, combinant pouvoir spirituel et politique, s’appelle Abdellah ben Yassine.
Les sources historiques s’accordent à présenter Abdellahben Yassine comme le porteur d’un projet politique à partir du moment où il a été sollicité pour accompagner une délégation sanhajienne de retour d’un pèlerinage à la Mecque, venant d’Ifrikiya (Tunisie actuelle) vers le Maroc. La sollicitation, nous dit-on, s’est faite sur recommandation d’Abou Imran al-Fassi, l’un des grands juristes malikites du Maghreb, et sous la direction de son maître Waggag ben Zallou al-Lamti, qui a proposé son nom à cette délégation. Mais était-ce réellement le cas ?
La réponse à cette question n’est pas simple. Certaines sources le décrivent comme un prédicateur désireux de réformer la situation religieuse dans le désert des Sanhajas, tandis que d’autres suggèrent qu’il nourrissait un projet politique au service du sunnisme, en pleine expansion dans le monde musulman de l’époque. Entre ces deux visions, les détails sont souvent flous, voire contradictoires. Il est probable que les idées politiques de ben Yassine ont commencé à se former lors de son voyage en Espagne musulmane pour parfaire sa formation religieuse. Le séjour a duré environ sept ans et, durant cette période, il a été témoin direct de la décrépitude politique d’al-Andalus, livrée à la lutte fratricide des royaumes de taïfas. Ce qui a sans doute influencé sa pensée.
Par Mohammed Yassir El Hilali
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