C’est à Aghmat, près de Marrakech, que repose le grand poète andalou al-Motamid Ibn Abbad. étrange point final au parcours d’un homme qui était promis, pourtant, à un tout autre destin.
En prenant la route de l’Ourika, on remarque parfois, à travers la broussaille, un vieux panneau. Il indique Aghmat. Beaucoup passent sans y prêter attention. Pour ceux qui n’ont pas étudié l’histoire, ce nom ne dit rien. Pourtant, Aghmat fut la première capitale d’un Émirat qui allait bâtir le premier empire marocain sous l’Islam. Mais c’est aussi là que repose un roi déchu, un poète andalou nommé al-Motamid Ibn Abbad. Ce roi n’est pas né à Aghmat. Il venait de Séville, une ville riche, pleine de jardins, de musique, de poésie. Il y régnait avec élégance, écrivant des vers, aimant sa femme, entouré de gens cultivés. Mais les temps étaient durs. Les royaumes chrétiens du nord menaçaient et, pour se défendre, il fit appel aux Almoravides. Il ne se doutait pas qu’en leur ouvrant les portes, il leur donnait aussi son trône. Quelques années plus tard, Séville tomba. Lui et sa famille furent faits prisonniers. On les emmena de l’autre côté de la mer, au Maroc. Après un bref passage par Tanger et Meknès, on les envoya à Aghmat. Ce n’était plus un roi. Juste un homme en exil, surveillé, fatigué.
Al-Motamid ben Abbad accéda au trône de Séville en 1069, après avoir succédé à son père, le roi Al-Mutadid. Sous son règne, Séville devint un centre de culture florissant où l’art, la poésie et la philosophie prospéraient. Al-Motamid était non seulement un souverain, mais aussi un grand mécène des arts. Les poètes se bousculaient pour gagner sa faveur, sa cour était un lieu de grande beauté intellectuelle. Il lui arrivait fréquemment d’écouter les vers de poètes éminents, et sa capacité à apprécier la beauté des mots renforça son image en tant que souverain cultivé.
Par Moulim El Aroussi
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