Le témoignage qui fixe les péripéties d’Aix-les-Bains est sans conteste celui de Pierre July, alors ministre des Affaires tuniso-marocaines dans le cabinet d’Edgard Faure, et qui était en charge du dossier.
La conférence, au bord d’un lac, s’annonçait mal. Nos invités, Français et Marocains, répondraient-ils à notre invitation ? Les forces antagonistes allaient-elles se figer dans une abstention hostile ?
Personne ne s’est excusé. Les rancunes politiques, les regards en coin, les dos ostensiblement tournés, tout semblait provisoirement oublié. La France retrouverait son rôle de médiatrice.
Nous avions convoqué des représentants des diverses tendances, 37 personnalités au total : 18 traditionnalistes dont 10 appartenant à la tendance du Glaoui, 8 nationalistes modérés, 9 nationalistes dont 5 membres de l’Istiqlal et deux syndicalistes. Le protocole nous fixait un ordre de préséance : le grand vizir et le Makhzen devaient être les premiers entendus. Nous avions ensuite toute latitude. Le lundi 22 août, nous reçûmes la délégation du Makhzen menée par le grand vizir, haj el Mokri, assisté de son fils si Thami, premier bachelier marocain, ingénieur agronome de Montpellier, (la personnalité la plus brillante du Makhzen). Pour l’un et pour l’autre, il était vain d’essayer de restaurer l’autorité de Ben Arafa. L’Istiqlal est un parti d’extrême-gauche. Ben Barka flirte avec les communistes. Ses membres sont responsables pour une grande partie des évènements actuels (Oued Zem). Mercredi 23 août, la journée commence par un morceau de choix, l’audition du Glaoui. La salle se tait.
Par Pierre July – Editing Zamane
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