L’homme a tout connu, et l’artiste aussi, de la galère au succès. Retour sur un parcours hors du commun, qui nous rappelle quelques évidences : la trame commune du Maghreb et la force du génie…
Sculpter, «c’est ne pas parler creux», aime dire Sahbi Chtioui, quand on le presse à définir son métier. Sahbi parle à travers son art, et son art est le point de convergences de plusieurs expériences : du cirque à la musique, et de la peinture à la sculpture. On ne peut, après un riche parcours, parler creux. Et ce parcours, qui a pour départ «spatial Tunis», a mené l’artiste, dans des voies sinueuses, vers Casablanca où ne fait pas que compter.
Sahbi Chtoui est incontestablement l’un des grands maîtres vivants de la sculpture, et pas que dans le monde arabe. Ce Tunisien qui porte la sève du génie carthaginois, a choisi le Maroc comme terre d’adoption. Il est devenu le mélange des deux, comme cet autre Tunisien qui a été porté par l’appel de la grande citadelle du savoir, Fès, et qui aura marqué la pensée universelle : Ibn Khaldoun.
Il y a des lieux qui sont une consécration : Venise, Paris, Le Caire à un moment. N’est pas là la vocation de Casablanca ? Ne faudrait-il pas conforter cette vocation ?
Sahbi garde le côté espiègle de la casbah de Tunis, l’entregent des gens du Sahel, mais aussi les tournures casablancaises, et les calembours de Marrakech. Sa terre d’adoption est ce Maroc auquel, dit-il, il doit tout. Le plus Marocain des Tunisiens ? «Non, répond-t-il aux plus pressés, je suis autant Tunisien que Marocain». Et de rajouter : «Je suis Maghrébin». Puis il se ravise, puis rectifie : «Je suis artiste… Mes deux ailes sont faites d’amour et ma destinée est la paix».
Par Hassan Aourid
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