Presque 70 après le départ de l’administration française du Maroc, chaque fois que se pose un problème, aussi simple soit-il, entre les deux pays, les vieux démons du temps de la période coloniale se remobilisent.
On agite d’une manière presque instinctive les fantômes du passé : la colonisation, les déportations, les répressions, les spoliations, etc. L’arrogance française, le mépris de ses fonctionnaires installés dans les représentations diplomatiques ou ceux engagés dans des entreprises privées, etc.
La rage du commun des mortels marocain concerne aussi l’administration française dans sa globalité, ses responsables politiques de la métropole. Quelque chose n’a pas été réglé après le départ (?) de la France du Maroc. S’agit-il ici d’une haine ou d’un amour mal explicité ? Le peuple dans le sens commun ne fait aucune distinction (celle que les intellectuels et les personnes soi-disant éclairées font) entre le bon et le mauvais français. «Un Français c’est un Français, il vient de France et il est le descendant de celui-là même qui m’a colonisé», semble dire le Marocain. Cette mémoire n’a jamais été sondée. En France, on ne s’est jamais soucié de l’avis du Marocain commun. Les Français en général semblent se fier à leurs informateurs installés au Maroc, et aux nouveaux orientalistes qui sont les écrivains marocains de langue française. Or, ni les uns ni les autres ne donnent une image claire de la relation du peuple marocain à son passé colonial.
Alors pouvons-nous sonder cette relation à la France ? Ce pays a-t-il jamais été aimé par les Marocains, comme semble le dire une certaine littérature politique, diplomatique et touristique ? Possible !
Par Moulim El Aroussi
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