Hier plus qu’aujourd’hui, les relations entre états dépendent en grande partie du lien qui définit, ente eux, les chefs d’états. Tout au long de son règne, Hassan II a vu défiler cinq locataires de l’Elysée et entretenu avec chacun d’eux des relations aussi contraires que complexes…
Tout de rouge vêtus, les silhouettes des soldats chérifiens se dessinent au pied de l’Arc de Triomphe, à Paris. Face à une foule attentive, ces hommes pénètrent «la plus belle avenue du monde» au son de l’hymne de la Marche Verte. En ce 14 juillet 1999, le roi
Hassan II, drapé dans sa djellaba blanche, regard concentré et presque sévère, guettant la prestation de sa Garde. À ses côtés, le président français Jacques Chirac, admirateur assumé du monarque et à l’origine de l’invitation au traditionnel défilé militaire à l’occasion de la fête nationale française. Au passage des 500 soldats, la Garde Royale, considérée par beaucoup d’historiens comme la plus ancienne armée encore en activité au monde, les officiels se lèvent, le Président Chirac aux côtés de Hassan II, fatigué mais visiblement satisfait, échangeant des regards complices avec son homologue français. Cette scène est la dernière du genre avec un locataire de l’Elysée. Le 23 juillet, soit neuf jours plus tard, Hassan II s’éteint.
Depuis son intronisation le 3 mars 1961, le roi a vu défiler tous les présidents de la Vème République depuis Charles de Gaulle à Jacques Chirac. C’est probablement avec ce dernier qu’il tisse l’amitié la plus sincère. L’ancien maire de Paris, enfin intronisé président en mai 1995, est l’un des chefs d’Etat qui parait le plus ému lors de la cérémonie de funérailles de Hassan II. Le visage marqué, Jacques Chirac ne ménage pas ses efforts et accorde une attention toute particulière à la famille endeuillée du souverain. Jean-Pierre Tuquoi, alors journaliste pour le quotidien «Le Monde», révèle les murmures de Palais tenus par le président français à l’encontre de Mohammed VI à cette occasion : «Majesté, je dois beaucoup à votre père, et si vous le souhaitez, tout ce qu’il m’a donné, je m’efforcerai de vous le rendre».
Par Sami Lakmahri
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