Cette eau-de-vie généralement à base de figue est produite sur nos terres depuis des siècles. La communauté juive en fait une boisson quasi sacrée, et c’est partiellement autorisé…
Les premiers rapports d’explorateurs français qui concernent le mode de vie au Maroc du milieu du XIXème siècle font mention de la fabrication de la Mahia. Lors de son passage dans la ville d’Oujda, le capitaine Voinot s’attarde sur la communauté hébraïque: «Les juifs boivent du vin casher, qui est préparé de façon spéciale et vient d’Algérie, ainsi que l’anisette et l’absinthe ; ils consomment une assez grande quantité de ces liqueurs. Autrefois on fabriquait à Oujda l’anisette dite mahia. Cette fabrication a été abandonnée depuis une trentaine d’années». Le capitaine français ne s’est pas attardé sur les raisons de la disparition de l’élaboration de la mahia. La cause la plus probable est liée à la baisse des effectifs de la communauté juive. En effet, un ancien décret du makhzen stipule que la distillation de l’eau-de-vie n’est tolérée que lorsque la dite communauté représente au-delà de 3000 individus, ce qui n’était certainement plus le cas dans les environs d’Oujda à cette époque. Par contre, cette production ne faiblit pas dans les agglomérations de Fès et de Meknès. En plus de l’oriental, ces régions sont connues pour la culture abondante de la figue et par une forte présence de la communauté juive. Dans le sud, essentiellement à Marrakech et Essaouira, la production de Mahia fait également partie du quotidien. Bien que la préparation du fameux breuvage peut différer d’une région à l’autre, sa consommation obéit en règle générale aux mêmes rites ancestraux. La plus coutumière reste celle concernant la veillée de la «Hevra Kadisha». Cette assemblée religieuse a pour mission d’accompagner l’âme d’un défunt.