Promise à ses débuts à un destin américain, Casablanca s’est peu à peu transformée en une mégalopole égyptianisée au cachet certain mais à l’âme en voie de perdition.
Des premières incursions françaises au début du XXème siècle jusqu’au lancement des travaux du port en 1907, la bourgade qu’on identifiait par Anfa (nom amazigh qui veut dire colline, avec un N léger et non emphatique) ou par Casablanca, en référence à une masure chaulée, vestige d’un fort portugais, relevait plus d’un prolongement de l’Europe que d’un continuum de son hinterland. Un doigt européen incrusté en terre africaine. Et c’est ainsi qu’avant même le traité du Protectorat, des officiers français lorgnaient sur ce comptoir riche, avec ses terres considérées comme les plus fertiles au monde, et envisageaient d’en faire un presidio, comme Sebta pour les Espagnols ou Hong Kong pour les Britanniques. Avec le traité du Protectorat, Casablanca devient le champ d’expertise des urbanistes et un Eldorado pour les aventuriers, les pionniers et autres entrepreneurs. Son destin change. Avec ses airs de Los Angeles, elle tient plus de la ville américaine que de toute autre ville de la rive sud de la Méditerranée. Elle dépassera Alger, qui pourtant était la perle de l’Afrique du Nord française, handicapée par son terrain accidenté, et Tanger, malgré son cosmopolitisme, fera pâle figure devant l’essor exceptionnel de Casablanca. L’espace plat de la ville favorisera son développement, de même que la richesse du sol de son pourtour. L’aspect cosmopolite n’aura d’autre équivalent en Afrique du Nord, que celui d’Alexandrie.
Par Hassan Aourid
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