Géographe, socio-économiste, expert en développement rural, Grigori Lazarev nous raconte, à la première personne, les folles années du scoutisme qui ont marqué la phase finale du Protectorat. Croustillant…
Lorsque la Seconde Guerre Mondiale s’est terminée en 1945, les mouvements de jeunes se sont réorganisés au Maroc. À l’époque, il n’y avait que le scoutisme pour les accueillir. Les formes de scoutisme qui furent promues par le Protectorat prirent une forte teinture confessionnelle. On trouvait ainsi les scouts catholiques, fortement animés par le clergé local, des scouts protestants avec leurs pasteurs, des scouts musulmans, formés au départ à l’initiative de professeurs français qui enseignaient dans les lycées musulmans, des scouts israélites, encadrés par des enseignants des écoles de l’Alliance israélite. Et, enfin, des scouts laïcs, les éclaireurs de France, qui étaient, alors, essentiellement Français. Plusieurs de ces mouvements avaient quelques origines dans l’avant-guerre, mais ils avaient été mis en sourdine par le régime de Vichy qui n’avait soutenu que les organisations catholiques. Il n’y avait que très peu d’organisations pour les filles.
Scouts et camarades
Toutes ces formes de scoutisme étaient bien représentées à Rabat et à Casablanca, mais avec seulement quelques groupes, catholiques ou protestants, qui accueillaient des filles. Les éclaireurs de France de Rabat avaient été repris en main par un jeune cadre du Service de la Jeunesse et des Sports, qui avait rejoint ce poste après avoir passé un temps dans la Résistance en France. Ce cadre, bien ouvert aux idées progressistes de l’après-guerre, avait d’emblée cherché à diversifier l’appartenance des jeunes qui adhéraient à ce mouvement. Arrivé à Rabat en 1948, j’avais donc rejoint les éclaireurs de France de Rabat, dans ce qui était appelée la Troupe du Simoun. Celle-ci se réunissait dans un local situé dans une arrière-cour du Lycée Gouraud, aujourd’hui le Lycée Hassan II.
Par Grigori Lazarev
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