Capitaine des spahis pendant la Seconde Guerre mondiale, ce fidèle serviteur de la France, devenu pacha de Séfrou, n’a pourtant pas hésité à partir en croisade pour maintenir Mohammed Ben Youssef sur le trône. Un geste héroïque qui le conduira à la tête du premier gouvernement du Maroc indépendant.
Il est né dans un Maroc convulsionné. En pleine guerre civile entre deux membres de la dynastie alaouite, le sultan Moulay Abdelaziz, tenant d’un trône brinquebalant, et le prétendant Moulay Hafid, appuyé par les oulémas et de larges franges de la population marocaine en colère contre les appétits territoriaux étrangers qui se précisaient. Il est né un an après les accords d’Algésiras qui préfigurent la fin de l’indépendance du Maroc, et deux ans avant la naissance de celui dont il sera le grand défenseur, mettant en péril sa carrière et même sa vie pour faire triompher sa cause : le futur roi Mohammed V. Il est né dans un empire, celui qu’on appelait alors solennellement l’Empire chérifien, alors qu’il n’avait d’empire que le nom. Il est né à Berkane, dans l’Oriental marocain, dans une famille modeste qui portait un nom spécifique à la région : Bekkaï. Un patronyme qui deviendra, après son passage par l’histoire et la politique de son pays, un nom prestigieux, non pas parce qu’il était membre d’une famille de chérifs, de marabouts ou de grands serviteurs du Makhzen, mais simplement parce que sa trajectoire a été celle d’un Marocain de principes, un homme d’exception, digne, honnête et ayant le courage de ses idées dans les moments difficiles de la vie d’une nation.
Par Adnan Sebti
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