Dans «Maroc : L’engagement d’une génération pour une nation libre et un peuple émancipé», qui vient de paraître en France (éd. Les 3 Colonnes), l’auteur jette un regard personnel sur des facettes pas toujours connues de la longue et douloureuse confrontation entre l’UNFP (Union nationale des forces populaires) et la monarchie. Morceaux choisis.
L’appel de la révolution
En juillet 1971, le Fqih Basri m’invita à une rencontre importante à Paris. Je me retrouvais attablé avec lui dans le 15ème arrondissement de la capitale. Après avoir fait un tour d’horizon sur l’actualité marocaine, il m’interpella sur le déroulement de mes études et sur mon intention de rentrer au Maroc. Pour ma part, poursuivit le Fqih, j’aurai une autre proposition à te faire. Notre parti aurait besoin de toi à Tripoli en Libye. Nous avons établi de bonnes relations avec les jeunes officiers libres qui viennent de renverser la monarchie de Driss Snoussi, le 1er septembre 1969. En tant que Parti, nous avons convenu avec eux d’avoir un permanent à Tripoli. Tu es géologue, tu peux exercer dans cet État pétrolier. Il me brossa un aperçu du nouveau régime. Il les considérait comme progressistes, nassériens convaincus, anticoloniaux, gens du peuple qui venaient consolider le clan arabe et les forces révolutionnaires contre le colonialisme en Afrique. Il omit de me signaler que ces jeunes officiers étaient viscéralement anticommunistes. Le savait-il ? En tout cas, cela ne le perturbait pas. «À toi de réfléchir!», me lança-t-il, à la fin. De retour à Nancy, je n’en fis part à quiconque, sauf à ma compagne. «L’appel de la Révolution m’attend», lui dis-je.
À la rencontre des jeunes officiers libyens
Un air chaud me happa à ma sortie de la carlingue, une canicule inhabituelle. Nous étions le 12 juillet 1971. L’aéroport de Tripoli n’était encore qu’un grand hangar en zinc. Un homme trapu adossé au mur du hangar me dévisageait. «Oustad Ibrahim ?», m’interpella-t-il. «Marhaba!». C’était le commandant Mansour. Il me conduisit dans une coccinelle Volkswagen à l’hôtel Libya Palace, luxueux, même trop à mon goût. Le commandant revint le lendemain pour me rapporter mon passeport, quelques Génehs (livres libyennes) à titre d’argent de poche.
Par Brahim Ouchelh – Editing Zamane
Lire la suite de l’article dans Zamane N°166