Vieilles de plus de deux siècles, les relations entre le Maroc et la Russie ont connu des évolutions diverses. De Catherine II à la Troisième internationale, le géant slave a toujours tenu à garder un œil sur le royaume chérifien.
Le sultan Mohammed Ben Abdellah est le premier chef d’État africain à reconnaître l’indépendance des États-Unis d’Amérique, mais pas seulement. À la même époque, le sultan alaouite est également le premier souverain marocain à établir des relations diplomatiques avec la Russie. Le dynamisme diplomatique de ce sultan, incarné par l’importante correspondance qu’il entretient avec l’impératrice de Russie, Catherine II, a comme conséquence l’établissement de relations commerciales entre les deux pays. Timide, mais réelle, cette coopération se heurte, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, à l’appétit grandissant des puissances européennes à l’égard d’un Maroc de plus en plus affaibli. Si la signature du Traité de Fès de 1912 marque la rupture des relations maroco-russes, celles-ci ne tarderont pas à renaître, sous une autre forme. « Les sujets de Sa Majesté l’impératrice bénéficieront des plus grandes marques d’amitié qui les distingueront de tous les autres peuples déjà en paix avec nous », promet le sultan Mohammed III à Catherine II, l’impératrice de Russie, dans une lettre qui lui adresse le 7 juillet 1778. Cette missive vient confirmer un dahir publié une année auparavant, accordant aux navires russes l’entrée libre dans les eaux et ports de l’Empire chérifien ainsi que la possibilité de s’y ravitailler en eau et en nourriture. Rendant la pareille, la « Grande Catherine », influencée par l’activisme de son ministre des Affaires étrangères Nikita Panine, offre la réciprocité aux navires marocains et ordonne même aux capitaines de marine russes qui, en cours de navigation, rencontrent des bateaux marocains, de leur manifester « de l’amitié et de les assister s’ils en éprouvent le besoin ».
Par Reda Mouhsine
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