Au lendemain de l’Indépendance, le repli de l’Armée d’Afrique, cette grande structure militaire espagnole installée au Maroc, prend du temps, beaucoup de temps même. Les Marocains y sont d’ailleurs pour quelque chose…
Dans l’imaginaire populaire marocain, quand l’indépendance du Maroc a été proclamée en 1956, les armées française et espagnole qui occupaient le pays ont quitté immédiatement, ou tout au plus quelques mois plus tard, leurs respectives zones d’influence. En réalité, après la déclaration commune franco-marocaine du 2 mars 1956, qui reconnaissait l’indépendance du Maroc, suivie de la déclaration commune hispano-marocaine du 7 avril de la même année, il aura fallu de longues années avant que les troupes étrangères ne quittent finalement le pays. Si l’histoire du repli administratif et militaire français du Maroc méritait une thèse de doctorat, en raison de la forte implication des Français dans certaines émeutes ou répressions postérieures à 1956, le retrait espagnol a été moins conflictuel, mais soumis à de rudes épreuves. Le repli espagnol a débuté le 31 avril 1956 et n’a pris fin que le 31 août 1961. C’est-à-dire que les Espagnols ont pris tout leur temps, cinq ans et quatre mois, pour quitter le Maroc. En 1956, l’Armée d’Afrique, sortie victorieuse de la Guerre civile espagnole (1936-1939), était forte de presque 70 000 hommes. Elle était composée de troupes péninsulaires spécifiquement espagnoles, de la Légion étrangère, où se côtoyaient différentes nationalités, et des groupes de Regulares indigènes, redoutables unités marocaines qui ont puissamment aidé Franco dans sa conquête du pouvoir.
Par Adnan Sebti
La suite de l’article dans Zamane N°40