Pour les savants antiques, le méridien de Lixus (Larache) constituait la limite occidentale de la terre habitée. Partant de là, un ensemble de données géographiques permettait de concevoir et représenter le Monde.
La géographique savante a longtemps été en concurrence avec la mythologie qui entendait expliquer les origines du monde par des mythes fondateurs. L’Occident extrême où se trouve aujourd’hui le Maroc regorgeait de ces mythes comme ceux d’Hercule terrassant le géant Antée et fondant Tanger, ou Persée pétrifiant le géant Atlas en une montagne cosmique portant la voûte céleste. Cette topographie du merveilleux ne pouvait naturellement pas satisfaire l’appétit de connaissances des géographes grecs de l’Antiquité dont le discours scientifique travaillait à la constitution d’un nouveau mode d’appropriation de l’espace fondé d’une part sur le cumul des connaissances et d’autre part sur la réflexion scientifique. «Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre !». Platon, le philosophe athénien du début du IVe siècle avant J.C., rêvait d’inscrire cette formule au fronton de l’Académie, car penser le monde consiste d’abord à le mesurer et à le représenter. C’est dans les cités du monde grec que la géographie scientifique se développe et c’est encore dans l’Orient grec de l’empire romain qu’elle continue de s’épanouir au début de l’ère chrétienne avec un intérêt marqué pour les terres du Couchant.
Par Jean-luc pierre
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