Depuis son accession au trône, après la disparition du «père de la Nation», Mohammed V, et jusqu’à l’avènement de la Marche verte, le défunt Hassan II a vécu un règne mouvementé, où son trône, voire sa vie, était directement menacés. Dans les années 1960, et surtout au début des années 1970, de nombreux opposants, civils et militaires, ont tenté de le renverser. Les coups d’état de 1971 et 1972, ainsi que l’insurrection de 1973, restent les tentatives les plus marquantes…
Témoin et parfois acteur de ces événements, Brahim Ouchelh, cadre important du «Tanzim», organisation parallèle et cellule armée de l’UNFP (Union nationale des forces populaires), directement impliqué dans les événements de Moulay Bouazza en 1973, prend aujourd’hui la plume pour témoigner. Son livre, «Maroc : l’engagement d’une génération pour une nation libre et un peuple émancipé», qui vient d’être publié en France, foisonne en informations et révélations de première main. En exclusivité pour ses lecteurs, Zamane décortique ce précieux document et explore de larges pans, parfois inédits, de ces années de plomb où tous les coups étaient permis, ou presque, entre deux camps qui avaient pourtant mené le combat de l’indépendance ensemble : la monarchie d’un côté, et l’opposition armée de l’autre.
L’homme qui prend la plume aujourd’hui pour rédiger ses mémoires, est donc un quasi-octogénaire qui se penche sur la fougue de ses années de jeunesse. L’exercice est périlleux parce qu’il s’agit de raconter le passé avec les yeux (ou l’esprit) du présent. En dehors des ténors de l’UNFP d’alors, il est par ailleurs intéressant de noter l’extrême jeunesse de la plupart des acteurs impliqués dans ce qu’on peut appeler la révolution avortée de 1973. L’insurrection-guerilla a été tuée dans l’œuf. Moins connu que les putschs de 1971 et 1972, cet épisode constitue une exception dans la longue suite de confrontations armées entre la monarchie et ses oppositions. Parce que l’opposition n’était pas une, mais plusieurs. Au sein de l’armée et de la classe politique. Ouchelh tente, à sa manière et en partant de sa position de témoin, parfois d’acteur, et aujourd’hui d’observateur, de répondre à plusieurs questions.
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