Antoine Burel, capitaine dans l’armée française, n’a pas été qu’un simple émissaire de Napoléon au Maroc. Récit d’une mission qui en cachait une autre.
Le 18 août 1808, à 4 h 15 de l’après-midi… Dans les jardins de son palais de Boujloud à Fès, le sultan Moulay Slimane, protégé par son parasol impérial, entouré de quelque 700 personnes entre officiers et hauts fonctionnaires, reçoit à cheval deux représentants de Napoléon Ier, l’empereur de France : le consul d’Ornano, accrédité à Tanger, et le capitaine du génie Antoine Burel, employé au grand état-major des armées d’Espagne, porteur d’une lettre impériale. Après les harangues de compliments et la remise de cadeaux, Antoine Burel remet solennellement au monarque la missive couverte de brocart d’or et enveloppée dans un mouchoir de soie. Napoléon, persuadé que l’Espagne, qu’il vient d’envahir1, ne peut être soumise qu’à condition d’en éloigner les Anglais, ce pourquoi il faut leur fermer le Maroc, lequel doit être contraint « de vive force », de fermer ses ports à « la perfide Albion », demande au sultan de lui donner des facilités pour débarquer à Sebta2. En somme, il veut contrôler le détroit pour prendre l’Angleterre à revers et a besoin de l’aide du Maroc, d’autant que Londres a fait occuper, le 28 mars, l’îlot de Perejil et y a installé 300 hommes de sa garnison de Gibraltar pour bloquer Sebta et défendre l’approvisionnement de Gibraltar par Tanger. Napoléon promet, comme l’Angleterre l’a fait avant lui, en échange, de remettre ultérieurement Sebta au Maroc s’il lui permet de débarquer. La diplomatie marocaine, en effet, est dominée par la question des villes occupées, devenues des lieux de relégation et de garnison, peuplées de soldats et de forçats.
Par Zakya Daoud
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