Le thème de la guerre a toujours collé à l’art. Depuis la Renaissance, des artistes ont peint la guerre. On a commencé par reprendre les thèmes bibliques, mythologiques et historiques pour les illustrer et les faire revivre pour la population.
La défaite de la république vénitienne face à l’armée ottomane, en juillet 1470, avait traumatisé les esprits et déchainé des récits qui dépassaient l’imagination sur les atrocités commises par les soldats musulmans. La guerre habite l’inconscient occidental et le meilleur exemple qui l’a illustré est bien celui du peintre Flamand Pieter Breughel l’Ancien, qui a, dans son oeuvre «Le Triomphe de la Mort», mis en scène l’ambiance et les atrocités des guerres, des épidémies et des catastrophes en Europe en 1562.
Après son intronisation, Louis-Philipe fait transformer les appartements de Versailles pour installer le musée de l’histoire de France. Il y inaugure La salle des Croisades en 1843. Cet événement fut précédé par une grande commande aux peintres illustres de l’époque dont Eugène Delacroix qui réalisa «La prise de Constantinople par les croisés». Un point de vue personnel du peintre, mais qui va dans le sens des croisés.
Mais tous ces peintres n’ont pas vu la guerre. Ils ont peint leurs œuvres à partir de récits écrits ou d’une tradition orale très répandue en Europe du Moyen Âge ou de la Renaissance. Seuls les peintres qui ont accompagné les troupes françaises ou espagnoles ont laissé des œuvres capitales. Ils doivent cela d’abord à la conquête de l’Algérie. Des artistes ont voyagé comme reporter de guerre au service de l’État, d’un journal ou des militaires eux-mêmes. Horace Vernet est le plus célèbre avec son oeuvre «La Prise de la smala de Abdelkader», en 1843. Le peintre était certes sur le champ de bataille, y a pris des esquisses, consigné des observations, mais son oeuvre reste teintée par l’impact des œuvres orientalistes majeures qu’il a pu voir ou étudier dans sa jeunesse.
Le même problème s’est posé pour Mariano Fortuny en ce qui concerne le Maroc, surtout pour le tableau que le Musée du Prado à Madrid garde à nos jours : l’œuvre magistrale «La Bataille de Tétouan». Il s’agit bien entendu de la bataille de 1860, que le Maroc a perdue et dont les conséquences l’ont plongé dans un recul historique sans pareil par le passé. Horace Vernet Fortuny était présent lors des combats, car il était délégué par l’État espagnol, mais il n’a réalisé son œuvre qu’après avoir séjourné à Paris pour étudier le tableau de Vernet.
Dans les temps modernes, ceux qui ont été traumatisés par la guerre furent surtout ceux qui ont vécu la première et la deuxième guerre mondiale. On pense principalement à Picasso et à son œuvre Guernica, et à la série du peintre allemand Otto Dix. D’autres artistes ont été totalement transformés par la guerre par le fait d’avoir été enrôlés dans l’armée : l’artiste italien Alberto Burri et l’allemand Hans Hartung.
Au Maroc, seul Mohamed Kacimi avait consacré une exposition à la guerre de l’Irak en 1990.
Par Moulim El Aroussi