C’est inédit. 193 personnes accusées dans un seul et même procès. Connu sous le «procès de Marrakech» ou encore de l’affaire du «complot de Madrid», l’évènement traduit les tensions entre la monarchie et l’opposition avant les coups d’états des étés 1971 et 1972. Tout commence dans la capitale espagnole où le régime de Franco expulse deux militants de l’UNFP (Union Nationale des Forces Populaires), Saïd Bounilat, ancien résistant et parmi les fondateurs du parti de Ben Barka, et Ahmed Benjelloun, frère du militant Omar Benjelloun. Ils sont accusés, avec des centaines d’autres, dont certains en exil comme Fqih Basri ou Abderrahmane Youssoufi «d’atteinte à la sécurité interne de l’Etat». Ce gigantesque procès s’ouvre donc le 14 juin 1971. L’opposition qui dépêche ses meilleurs avocats dans la ville ocre crie au scandale et surtout à la machination. Le procès est perturbé par le coup d’Etat de Skhirat le 10 juillet de la même année. Un épisode qui contribue sans doute à la sévérité du verdict. 48 inculpés sont condamnés à la peine capitale, dont 32 le sont par contumace et 122 écopent de la prison à perpétuité. Bien que la plupart bénéficie d’une amnistie, le signal est fort. L’ère des années de plomb est définitivement lancée.
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