Alors que les relations maroco-américaines étaient plutôt cordiales bien que distantes, Washington décident soudainement d’envoyer quatre navires de guerre menaçant ainsi la baie de Tanger. Pourquoi donc une telle démonstration de force de la future superpuissance mondiale ? L’origine de cet épisode inattendu remonte au 18 mai 1904. En ce jour, Sidi Mohamed ben Abdallah el-Raisuni, appelé aussi Raïssouli, connu dans la région à la fois pour sa prétention au trône que par ses actes de banditisme, décide audacieusement d’enlever des Occidentaux. Qui plus est, ses otages sont des célébrités. Ian Perdicaris et son gendre Cromwell Varley, tous deux citoyens américains. A la suite de son forfait, Raïssouli revendique et pose des conditions à la libération des otages. Il exige le versement d’une rançon, la libération de ses partisans, le renvoi du pacha de Tanger et le retrait de la mehalla sultanienne, stationnée aux abords de la ville du détroit. Aux Etats-Unis, le président Theodore Roosevelt alors en pleine campagne pour sa réélection, décide de montrer les muscles. Rapidement médiatisé, l’incident devient «l’Affaire Perdicaris» et inquiète l’opinion publique américaine. La France et l’Espagne, les deux nations qui convoitent le Maroc, sont surprises par la réaction américaine. L’empire outre-Atlantique profite de l’occasion pour affirmer sa puissance, un signal pour l’avenir. Quant à Raïssouni, il finit par faire céder le Makhzen, soucieux de l’agitation internationale autour de Tanger. Les otages sont libérés et l’exubérant «brigand» finira même par brièvement occuper le poste de Pacha de Tanger.
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