Et pour cause. Le navire suspecté d’abriter la peste transporte des pèlerins dont les deux fils du sultan Moulay Slimane (1792-1822). Connaissant déjà les risques de voir le bateau français le «Tage» débarquer et contaminer Tanger, les consuls européens de la ville envoient une alerte au sultan. Le 19 mai, ils apprennent que le monarque refuse cette mesure de précaution. Le navire revient d’un long périple en Orient, où les prestigieux passagers ont accompli le pèlerinage à La Mecque. Sur le retour, le Tage fait une dernière escale à Alger, où la peste sévit depuis plusieurs semaines. Le risque est donc connu et c’est ainsi que les consuls de Tanger lancent l’alerte. Le 22 mai 1818, le bateau débarque néanmoins. Graberg de Hemsö, vice consul de suède et de Norvège, suit de près la situation qu’il consigne minutieusement. Il précise que «deux officiers marocains se sont rendus sur le TAGE à bord d’une chaloupe pour la réception des deux princes. Un crocheteur juif qui avait porté les affaires des deux officiers fut atteint de la peste puis sa sœur de 13 ans qui a succombé le 25 mai». Les pestiférés continuent d’avoir libre accès à la ville. Dans les jours qui suivent, d’autres navires tout aussi suspects ne font l’objet d’aucune mesure préventive. En quelques mois, la peste touche l’ensemble du territoire marocain. L’épidémie fût l’une des pires du XIXème siècle.
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