Ils sont les symboles spirituels de la ville ocre. Marrakech est d’ailleurs ceinturée par les sept portes nommées chacune à leur honneur. Les «sebaâtou rijal» protègent de leur aura une cité dont ils sont indissociables. Les habitants et les visiteurs du vieux Marrakech sont priés d’effectuer la plus célèbre des «ziara» (visites de mausolées) du Maroc. En rendant hommage aux sept saints, ils s’assurent de leur protection et de leur bienveillance. Mais ils ne se doutent certainement pas que le mythe des saints de Marrakech est inventé de toutes pièces et que ses acteurs principaux ne sont pas même pas des Marrakchis d’origine. Lorsque Moulay Ismaïl accède au pouvoir en 1672, il est embarrassé par une autre ziara célèbre, près d’Essaouira, à une cinquantaine de kilomètres de Marrakech, centre névralgique du pouvoir. Il s’agit de celle des sept saints de Regraga, ancienne communauté amazighe qui fait partie de la tribu des Masmouda. Pour le pouvoir, ce rituel presque païen fait de l’ombre à la noblesse chérifienne de l’ancienne capitale de l’empire. Le sultan charge alors le fameux cheikh Abou Ali El Hassan El Youssi, d’inventer une ziara concurrente à celle des Regraga, dont on dit qu’ils sont les seuls amazighs à avoir rencontré le Prophète en personne. C’est alors que El Youssi rassemble sept personnages vénérables, de préférence d’origine arabe, et place leur tombeau tout autour de Marrakech. C’est ainsi que des hommes tels que Cadi Ayyad, natif de Sebta en 1084, se retrouve symbole d’une ville dont il n’a que peu d’attache.
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