Qui ne connait pas «Les mille et une nuits» ? On connait tous la réponse : personne ! Parce que tout le monde, grands et petits, en Orient et en Occident, au Maroc et ailleurs, connaît le mythe, la légende, le conte.
Mais qui connaît réellement l’histoire de ce recueil anthologique ? Qui connaît son origine, sa genèse ? Qui connaît son influence, son impact ? Qui connaît la responsabilité de ce texte, finalement fondateur, dans la formation complexe des rapports Nord-Sud ? Qui connaît son poids au Maroc, et son héritage multiséculaire ?
Si le recueil a donné naissance, au fil des siècles, à des concepts aussi importants, et divergents, que l’orientalisme ou le féminisme, il dit aussi beaucoup de choses de nous, de notre histoire, notre culture, nos modes de transmission… Zamane décortique les mille-et-un mystères de ce texte essentiel, qui appartient aujourd’hui au patrimoine universel de l’humanité, après avoir jailli de la confluence des cultures persane, hindoue et arabo-islamique.
Pour éviter d’être tuée, une jeune femme est obligée de raconter une histoire, chaque soir, et de faire en sorte que ces histoires restent sans fin, appelant ainsi une suite, indéfiniment… «Les Mille et une nuits», à la base, c’est cela : une suite arithmétique, où l’inconnue (l’histoire à venir) repose sur le principe de la récurrence (n+1). C’est une équation mathématique, qui a bien sûr valeur de conte philosophique.
Le chassé-croisé entre Chahraiar et Shéhérazade renvoie à d’autres oppositions que l’on peut multiplier à l’infini, et transposer à d’autres tableaux, d’autres terrains. C’est l’opposition homme/femme, c’est David contre Goliath, le puissant contre le faible, la force contre la ruse, la brutalité contre la douceur. Mais c’est aussi l’auteur contre son lecteur et son public. Et c’est, pour reprendre des concepts ultra modernes, le soft power contre le hard power.
Par la rédaction
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