En ce début du XIIIème siècle, le monde musulman traverse une période de doute. Dans le Machreq, le califat abbasside est en sursis et les Mongols, qui ont déjà envahi plusieurs terres d’islam, s’apprêtent à lui donner le coup de grâce (ils le feront en occupant Baghdad, en 1258). Et l’émergence des Ayyoubides en Egypte, zone-tampon entre Machreq et Maghreb, s’avère un feu de paille puisque la disparition de Saladdin, en 1193, ouvre une nouvelle période d’instabilité. Pendant ce temps, au Maghreb, les Almohades sont branchés sur courant alternatif. Leur puissance militaire reste intouchable, comme l’a démontré la fameuse bataille d’Alcarcos (1195), où ils ont remporté une nouvelle victoire contre les armées chrétiennes. Pourtant, et derrière la façade, la belle assurance du système fondé par Abdelmoumen n’est plus qu’un trompe-l’œil. Avec la bataille décisive de Las Navas de Tolosa, en 1212, c’est la grande défaite. Au-delà des chiffres, qui restent imprécis et soumis au contrôle idéologique des sources contemporaines, c’est surtout par sa portée symbolique que cette bataille a frappé les esprits. Le mythe de l’invincibilité des Almohades avait vécu. Depuis Marrakech, le désastre est ainsi vécu comme un signe du ciel et la dénomination Ikab (punition divine) prendra progressivement une place centrale dans l’imaginaire collectif maghrébin. Plus rien ne sera plus comme avant.
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