Beaucoup opposent un islam des jouissances, lié aux premiers siècles de l’Hégire, à un islam des interdits, plus contemporain et qui se serait développé pendant la période du colonialisme européen. Qu’en est-il
Lorsqu’il s’agit d’évoquer les normes sexuelles des cultures arabo-musulmanes à travers le temps, on a tôt fait d’opposer un «islam des jouissances» pré-moderne à un «islam des interdits» postmoderne. Comme s’il n’y avait ni nuances, ni mouvements, ni dialogues. Et comme si on mélangeait les cultures et le fait religieux.
Dans les faits, par le passé, l’islam, envisagé non pas comme religion mais comme civilisation, a t-il engendré une culture de l’érotisme et des plaisirs charnels, ainsi que des normes sexuelles décomplexées ? Dans «La sexualité en Islam», Abdelwaheb Bouhdiba, sociologue et islamologue tunisien, dit à propos du Coran (devant la question sexuelle) : «On ne peut pas ne pas être frappé par la place centrale donnée à l’amour humain. La relation sexuelle qui lui est corrélative est médiatrice dans ce procès universel qui débute par l’opposition, se poursuit par l’alternance et le devenir et qui s’achève sur la prière. Non seulement l’œuvre de chair et licite conforme à la volonté de Dieu, et à l’ordre du monde, mais elle est le signe même de la puissance divine. Elle est le miracle renouvelé et permanent». Mais, contrairement à la religion chrétienne, par exemple, l’islam reconnaît également la dimension sensuelle de la sexualité et un droit à la jouissance. Ainsi, «l’amour en tant qu’activité ludique fait partie des bienfaits de Dieu», poursuit Bouhdiba. Le plaisir sexuel n’est pas une fin en soi, mais un ornement, un agrément. Concernant le paradis, les textes coraniques accordent aussi une place centrale à la «jouissance éternelle» et aux délices de la chaire.
Par Younes Mesoudi
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