Pour garder le contrôle sur les mœurs des populations, notamment en matière de plaisirs et de pratiques sexuels, et veiller au strict respect du cadre de l’islam, nos ancêtres ont inventé un système pour demeurer à l’affût du «libertinage» et du haram qui menacent la société. En somme, et pendant que certains foqaha et érudits multipliaient les audaces, décrivant le corps féminin au-delà de toute pudeur, l’État veillait au grain pour que rien, au final, ne dépasse.
Au Maroc, l’islam s’est répandu par vaguelettes. Il a percolé graduellement depuis les plaines, plus faciles à conquérir jusqu’aux reliefs, plus rétifs. L’islam n’est pas venu tout seul mais accompagné de l’Islam. Le premier terme renvoie à la religion ; quant au second, avec sa lettre capitale, à la civilisation musulmane. Et c’est avec cette seconde dimension qu’intervient l’héritage arabe qui a construit notre identité de Marocain-e-s à travers les âges. À preuve, l’une des plus ferventes défenseuses de l’islam et de l’Islam n’a-t-elle pas été une dynastie amazighe ; celle des Almohades. Pour mieux contrôler la société, elle amis en place une police des mœurs, celle du mezwâr. Eclairage : Dans une théocratie où aussi bien l’État que le peuple sont guidés par les principes religieux se pose d’emblée la dialectique du public/privé. Comment s’assurer que le sujet lambda, dans son intimité voilée, respecte les préceptes dictés par la religion ? Aussi les autorités mettent-elles en place un système de contrôle des corps et des comportements. Dans dar al-islam, c’est, sans doute aucun, sous les Abbassides que la société musulmane classique se structure. Les Abbassides, par leur inventivité culturelle et juridique, émergent inévitablement comme l’exemple à suivre pour toutes les autres parties de l’empire musulman, y compris bien sûr l’une de ses extrémités occidentales les plus lointaines, en l’occurrence le Maghreb al-Aqsa et Al-Andalus. Auscultons tout cela de plus près.
Par Farid Bahri
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