Au moment où l’Occident découvre (et traduit) les ouvrages musulmans dédiés à la sexualité, le monde musulman vit, paradoxalement, un retour au puritanisme. Il en résulte un décalage certain entre les uns et les autres, et la naissance d’un grand nombre de clichés et d’exagérations. La vision occidentale du Harem oriental représente la quintessence de ce mélange des genres.
Depuis la Renaissance, il y a bien eu quelques voyageurs assez hasardeux pour traverser la Méditerranée et ramener quelques objets, carnets et récits de voyage, mais la mode, la vraie, a été lancée par un certain Antoine Galland. Ce spécialiste des manuscrits anciens et des monnaies, capable de parler et d’écrire l’arabe, le turc et le perse, a été chargé par la Compagnie des Indes Orientales, puis plus tard par le roi Louis XIV, d’étudier les mœurs ottomanes et de dénicher le plus grand nombre de livres anciens et d’objets d’art. En 1704, à la faveur de ses pérégrinations au sein de l’Empire ottoman, Antoine Galland entame la traduction du recueil de contes populaires « Les Mille et une Nuits » (à partir de l’arabe, même si ces contes seraient d’origine persane et indienne) et en publie le premier tome en France. L’ouvrage est un succès. Sa traduction, sous d’autres plumes, et sa diffusion essaimeront bientôt à travers toute l’Europe. Seulement voilà, entre-temps, Shéhérazade, l’héroïne des Mille et une Nuits, a succombé au prisme typiquement occidental.
Par Mohamed Yazidi
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