Les journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, ont été condamnés chacun, mardi par le tribunal correctionnel de Paris, à 12 mois de prison avec sursis assortis d’une amende de 10.000 euros, dans l’affaire d’extorsion de fonds au Royaume du Maroc. Les deux prévenus ont aussi été condamnés à 5.000 euros chacun en vertu de l’article 475-1 du Code français de procédure pénale. Le tribunal a, par ailleurs, jugé recevable en la forme la constitution de partie civile du Royaume du Maroc et condamné les deux journalistes à 1 euro en réparation des différents préjudices présentés par la partie civile. Eric Laurent et Catherine Graciet, qui avaient menacé de publier un livre à charge sur le roi du Maroc s’ils ne reçoivent pas la somme de 3 millions d’euros, avaient été pris en flagrant délit de chantage, après la plainte déposée par le Maroc auprès de la justice française et des rencontres organisées avec les prévenus sous le contrôle de la police et du parquet.
Déjà auteurs en 2012 d’un ouvrage sur Mohammed VI, « Le roi prédateur », Eric Laurent et Catherine Graciet, âgés respectivement de 76 et 48 ans aujourd’hui, avaient signé un contrat avec les éditions du Seuil pour un second tome sur le même sujet. À l’été 2015, M. Laurent, ancien reporter de Radio France et du Figaro Magazine, avait contacté le secrétariat particulier du roi. S’était ensuivie une rencontre dans un palace parisien avec l’avocat Hicham Naciri, émissaire du royaume. Après ce premier rendez-vous, le Maroc avait porté plainte et une enquête avait été ouverte : deux autres rendez-vous s’étaient ensuite tenus sous surveillance policière à la fin du mois d’août. Catherine Graciet, notamment auteure de livres sur le Maghreb et la Libye, n’était présente qu’à la troisième entrevue, au cours de laquelle les deux journalistes avaient signé un accord financier à hauteur de 3 millions d’euros pour abandonner le projet de livre. À l’issue de cette dernière rencontre, ils avaient été interpellés avec deux enveloppes, contenant chacune 40.000 euros en liquide. Pour le tribunal, les deux journalistes ont bien eu une « démarche commune » et exercé une « pression » sur l’émissaire, en promettant un livre « dévastateur » pour le royaume. Selon le jugement, « le prix du silence » a été demandé par les journalistes et non par le royaume. Les trois rencontres avaient été enregistrées en cachette par l’avocat marocain Hicham Naciri, des écoutes vivement contestées par la défense depuis le début de l’instruction.
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