Retour sur la longue histoire qui a amené le royaume, lentement mais sûrement, à perdre graduellement sa souveraineté, d’abord militaire et économique, ensuite politique. Avant d’aboutir, au final, au double Protectorat franco-espagnol.
Le Maroc n’est pas le seul pays, tant s’en faut, à avoir été confronté à la domination financière occidentale à travers l’imposition d’une dette dont le remboursement a conduit à une ingérence politique croissante des puissances coloniales. Au contraire, ce mode opératoire est remarquablement fréquent de la seconde moitié du XIXème siècle jusqu’à l’éclatement de la Première Guerre Mondiale. Dans certains cas, un endettement excessif a été le prélude à une conquête coloniale (Égypte, Tunisie, Maroc). Dans d’autres, la souveraineté fiscale du pays s’en est trouvée fortement contrainte sans pour autant avoir mené à une tutelle politique directe et explicite (Chine, Empire ottoman, Perse, Bulgarie, Grèce, Serbie). La récurrence de ces crises d’endettement public dans le monde non occidental en l’espace de quelques décennies n’a rien d’un hasard. Au contraire, elles sont particulièrement emblématiques de leur époque. De fait, les crises de la dette sont à l’intersection des deux grandes dynamiques caractérisant la fin du «long XIXème siècle»: l’expansionnisme politico-militaire de l’Occident et la première mondialisation économico-financière.
Mondialisation et impérialisme
Mondialisation financière et impérialisme sont dès lors étroitement liés. Le père de la thèse de l’impérialisme économique européen est le Britannique John Atkinson Hobson, qui publie, en 1902, un ouvrage sobrement intitulé «Imperialism, A study», conçu alors qu’il couvrait la guerre des Boers pour le Manchester Guardian.
Par Adam Barbe
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