Il y a très exactement 65 ans, en août 1955, les «entretiens» franco-marocains d’Aix-les-Bains, préludes à l’indépendance, ont eu lieu, dans un climat étrange… Retour dans le détail sur un événement qui n’a pas cessé de marquer l’histoire du Maroc.
Le 26 août, le comité écouta dans l’ordre, Abdehaï Kettani, allié d’El Glaoui et artisan comme lui de la déposition du sultan Mohammed Ben Youssef, Jacque Dahan et le Dr Benzaquen, représentants de la communauté israélite, et les délégués de la communauté française : le général Béthouart, Aucoutrier et Antoine de Peretti. Après ces délégations, le comité écouta à leur demande deux personnalités : M’hamed Zghari et Ahmed Bargach. Ces derniers, tout en insistant sur l’amitié franco-marocaine, soulignèrent la nécessité de la venue du sultan Ben Youssef en France, préconisèrent la création d’un conseil de régence et soumirent la restauration de Ben Youssef à la condition d’un accord préalable de la France et «du peuple marocain». En fin de cette journée du 26 août, le comité reçut la délégation des oulémas. Pris de colère, Antoine Pinay leur demanda : «Comment pouvez-vous réclamer aujourd’hui le retour de Ben Youssef alors que c’est vous-même qui l’avez déposé ?». La réponse fut cinglante : «Ceux qui nous ont demandé de le déposer avaient le fusil sur l’épaule…».
L’intifada populaire, catalyseur et accélérateur de l’indépendance
Le samedi 27, le comité revoit le grand vizir et son fils, la délégation de l’Istiqlal composée de Bouabid, Benabdeljalil et Ben Barka, et les représentants du PDI (Hizb Choura). Le comité examina avec ces délégations les derniers développements au Maroc, les modalités d’éviction de Ben Arafa et la question de la composition du Conseil du trône. La demande de Ben Barka d’obtenir une déclaration affirmant l’unité et l’intégrité de la souveraineté marocaine, ainsi que la volonté de rechercher par des négociations le cadre nouveau des relations franco-marocaines, reçoit un traitement évasivement courtois du comité.
Par Abdelfattah Naimi
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