La marocanisation de la culture au Maroc s’est faite sous le signe d’un malaise et d’une douleur qu’on pourrait facilement rapprocher d’une souffrance psychologique.
La majorité des intellectuels et artistes non arabisants de l’époque post coloniale se sont trouvés dans l’obligation d’opérer un divorce douloureux avec la langue dans laquelle ils créaient, ou de vivre pendant longtemps dans un déni et un dénigrement de leur situation au sein de leur société. La marocanisation culturelle et l’arabisation, contrairement à ce que l’on pense, n’ont jamais été imposées de haut. Elles furent une revendication de la classe intellectuelle au Maroc. Certes, le concept de marocanisation a toujours été lié, dans les discours de l’histoire, à l’économie. On a marocanisé les banques, les entreprises, l’agriculture… Mais on oublie qu’une certaine marocanisation des cadres de l’État avait déjà été opérée.
Dans le projet nationaliste de l’État se trouvait l’arabisation comme signe de marocanisation. Il ne faut pas oublier que la lutte contre l’occupation s’était faite sous le signe de l’appartenance au Monde Arabe. Recouvrer sa liberté signifiait en quelque sorte revenir à la culture arabe. Les militants culturels de la revue «Souffles», bien qu’en majorité francisants, étaient de fervents défenseurs de l’arabité. Les grands noms de la culture moderne au Maroc produisaient en arabe classique ou dialectal dans le domaine du théâtre et de la chanson. Les corps s’étaient fermés à un certain moment au français.
Par Moulim El Aroussi
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